Les lettres du concours! voici la lettre #4, écrite par Julie-Anne Bastard

Les lettres du concours! voici la Lettre #4

Citation : « Au détour d’un chemin, nos regards se sont croisés une fraction de seconde. » 

Chaque mercredi je publie les lettres gagnantes du concours, par ordre décroissant.
Durant tout l’été donc, à raison d’une lettre par semaine, en finissant par le numéro 1,
Vous pourrez lire ces délicieuses lettres qui nous ont été envoyées par les
écrivain-e-s qui se sont confronté-e-s à l’exercice,
dans le cadre du concours de la lettre d’amour pour la sortie du roman La lettre froissée.

Je vous rappelle qu’il s’agissait d’écrire la lettre d’un amour qui semble impossible,
ou d’un amour qui jamais ne pourrait se révéler,
une lettre que vous n’oseriez jamais envoyer…

En les lisant, vous allez être comme nous, j’en suis sûre, sous le charme.

Voilà donc la lettre au combien perverse et pleine d’humour noir de Julie-Anne Bastard,
envoyée à l’Inconnue, de nos jours, de la part de l’Eternel…

« Arthur de Montmorency
15 rue Ronsard
76000 Rouen

Le 14 février, à une heure indéterminée…

Chère inconnue,

Je ne t’enverrai pas cette lettre. À quoi bon ? D’aucuns te diront que c’est parce que je ne t’aime pas assez, je pense que c’est tout le contraire. Mes sentiments pour toi dépassent l’entendement, tu t’en rendras vite compte. La plupart des gens n’ont accès qu’à une connaissance fort limitée de ce qu’il nomme à tort « amour », et qui, à mon humble avis, n’en est qu’une pâle copie. Toi, tu es exceptionnelle et tu mérites un amour inestimable et unique.

Tu occupes mes pensées, jour et nuit. Au détour d’un chemin, nos regards se sont croisés une fraction de seconde. Des yeux bleus à température variable, insolemment radieux. Un sourire incandescent, une atteinte aux bonnes mœurs. Et puis, tu as disparu. L’amour, au premier regard, n’est pas un mythe. Je suis différent, je suis sensible à la beauté qui irradie des prunelles de certaines femmes ; tu auras bientôt tout loisir pour en faire l’expérience. Tu es si particulière…

Tu voudras sans doute savoir pourquoi c’est toi que j’ai choisie et comme je veux que notre relation soit fondée sur la plus totale des sincérités, je vais tout te dire. Bientôt, je sais que tu vas m’ouvrir ton cœur. Tu lui ressembles tellement. La même énergie, la même fougue, la même âme pure. Une sensibilité qu’on devine à fleur de peau. Elle était jeune, terriblement, et je me savais irrésistible. C’est ma mère qui ne cesse de me répéter que j’exerce une certaine fascination sur les gens et qu’il ne me faudrait fournir aucun effort pour avoir le monde à mes pieds. Moi, le monde ne m’intéresse guère, mais les femmes… Elle en était la quintessence, jusqu’au moment où elle a ri. Et ce rire était le plus effroyable qui soit, celui qui réduit à néant les espoirs d’un jeune homme sincèrement épris pour la première fois. Et son rire résonnait, se déversait dans mes entrailles comme la plus écœurante des liqueurs amères. Je n’ai pas eu le choix, pas plus que je ne l’ai aujourd’hui avec toi. Il a fallu que je la fasse taire, que je lui fasse avaler ce rire épouvantable.

J’ai hâte de lire dans ton regard cette lueur de compréhension quand tu sauras mais bien trop tard à quel point tu as été aveugle et stupide de baisser ta garde. C’est un moment absolument exquis quand les femmes comprennent qu’elles n’auraient jamais dire « oui ». Les parents ont raison quand ils préviennent leurs jolies filles de ne pas s’amouracher du premier venu. Car je suis le premier venu, le type passe-partout qui t’a suivie un mardi matin, a repéré que tu travaillais comme coiffeuse dans un petit salon du centre et qui est venu, timidement, se faire coiffer à plusieurs reprises. Nous avons plaisanté, je me suis montré maladroit et touchant. Tu as accepté le rendez-vous, bien sûr. Comme les autres. Avec quelques minauderies, des « ce n’est pas mon genre ». Mais mon sourire et ma désinvolture ont eu raison de tes barrières. Comme les autres. Ce ne sera pas ta faute, j’ai un talent inné pour ça, et rassure-toi, je n’en tire aucune satisfaction personnelle. De ce qui va suivre, quand tu sonneras à cette porte, en revanche…

Il est tard. Je vais devoir achever cette lettre et comme je t’ai promis de te dire la vérité, de mettre mon cœur à nu avant que ce ne soit littéralement le tien, je dois encore t’avouer une chose. Ce matin, j’ai croisé un nouveau regard. Il est d’ébène et a le parfum du mystère. Tu comprendras aisément qu’en tant qu’esthète, je ne peux qu’éperdument tomber amoureux de ce noir intense. Ce soir, je mettrai un point final à notre histoire. Je ne te dirai pas les mots d’usage car je sais que tu feras à jamais partie de moi et qu’ils risqueraient de rendre notre histoire banale et sordide. Grâce à moi, notre amour atteindra l’immortalité, la légende. Nous allons nous retrouver et tu ne me quitteras plus jamais.

Ton éternel »

 

Félicitations à Julie-Anne Bastard qui a gagné une liseuse Kindle !

 

 

***

En 1884, à Cannes.

Un hivernant pas comme les autres: le célèbre écrivain Guy de Maupassant,
une jeune courtisane née au Suquet, Lola Deslys
et une aristocrate anglaise déclassée, Miss Fletcher of Ramsey,
s’allient pour rendre justice à une jeune femme de chambre
assassinée dans le parc d’un palace de la Croisette.
Parviendront-il à faire éclater la vérité dans une ville
où la protection des puissants est la seule priorité?

En papier dans votre librairie, ou en numérique, ici.  

 

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