Les lettres du concours! voici la lettre #10, écrite par Anne Le Garnec

Lettre #10

Citation: « Quelques centimètres séparent malheureusement nos corps – trop pour moi – et j’essaie, un peu chaque jour, de réduire cette cruelle distance, coûte que coûte, vaille que vaille.« 

Je vous avais promis en mars de publier les lettres qui avait été sélectionnées.
J’ai laissé un peu reposer les choses.
Du temps a passé.
J’ai été débordée par d’autres activités.
Nous voilà en été, je me dis que c’est idéal.

Durant tout l’été donc, à raison d’une lettre par semaine, en finissant par le numéro 1,
Vous pourrez lire ces délicieuses lettres qui nous ont été envoyées par les
écrivain-e-s qui se sont confronté-e-s à l’exercice,
dans le cadre du concours de la lettre d’amour pour la sortie du roman La lettre froissée.

Je vous rappelle qu’il s’agissait d’écrire la lettre d’un amour qui semble impossible,
ou d’un amour qui jamais ne pourrait se révéler,
une lettre que vous n’oseriez jamais envoyer…

En les lisant, vous allez être comme nous, j’en suis sûre, sous le charme.
Et sachez que parmi les lettres non retenues, il y avait aussi quelques joyaux,
mais qui n’avaient pas tenu compte des paramètres obligatoires et qu’on a dû simplement éliminer, avec grande peine!

Voilà donc la lettre de Anne Le Garnec,
adressée à l’inconnu d’un arrêt de bus, de nos jours, de la part d’une audacieuse…



 

« À défaut d’avoir la force de te parler, je t’écris cette lettre. Puisses-tu, très vite, y consacrer un peu de temps.

Tu ne me connais pas mais moi, je te connais…. Enfin te connaître est peut-être un bien grand mot car ma connaissance de toi se résume à nos trop brèves rencontres matinales, à l’arrêt de bus, place de la République.

J’arrive toujours bien avant toi afin de pouvoir t’observer tout à mon aise et te voir ainsi t’engager vers la gare routière. Je ne me lasse pas de te voir, matin après matin.

La première chose que j’ai regardé, quand je t’ai vu la première fois, c’était de voir si tu portais une alliance. Cette non présence à ton doigt m’a quelque peu rassurée sur mes chances auprès de toi, envisageant déjà d’aller au-delà d’une simple attente quotidienne, de quelques minutes, à une station de bus.

Beau oui, tu l’es. Tu as les yeux d’un bleu qui donne envie de s’y plonger corps et âme et, crois-moi, mettre un petit peton dans l’eau est loin d’être ma tasse de thé. Je suis même plutôt du genre à boire la tasse !

Alors que tout le monde autour de nous pianote frénétiquement sur son smartphone à s’en faire des foulures d’index, toi, comme insensible à cette société du SMS, tu dévores des livres, passionnément. J’essaie de lire ce que tu lis même si mon petit cerveau de moineau a toutes les peines du monde à te suivre dans tes escapades littéraires. Moi qui me suis toujours contentée d’auteurs que d’aucuns qualifient de faciles, je me suis prise pourtant au jeu de mots d’auteurs un tant soit peu plus pointus. Je garde ainsi dans mon sac, comme un porte-bonheur permanent, un livre d’Annie Ernaux dont je t’ai vu annoter les pages au fil de ta lecture. C’est donc ce livre qui a scellé notre première rencontre et je me dis que quand deux êtres humains aiment le même écrivain, ils ne peuvent que s’aimer à leur tour. L’amour peut, parfois, prendre des chemins insoupçonnés.

Il faut croire que je t’aime plus que tout autre chose car je n’hésite pas à m’intoxiquer à tes côtés au quotidien. Car oui, tu fumes et même si l’odeur de la cigarette me rend un peu malade, c’est le prix à payer pour être près de toi. Quelques centimètres séparent malheureusement nos corps – trop pour moi – et j’essaie, un peu chaque jour, de réduire cette cruelle distance, coûte que coûte, vaille que vaille.

La première fois que je t’ai vu, tu m’as adressé un timide sourire. J’ai cru alors – sans doute un peu trop vite – que c’était le début de quelque chose de beau entre nous. Mais, à l’instar d’un soufflé qui retombe après un trop long délai d’attente, ton sourire est comme tombé à plat, se métamorphosant en l’espace de quelques secondes, en un détachement manifeste.

Cette éclaircie que j’avais entrevue, trop brève à mon goût, m’a néanmoins encouragée à afficher, jour après jour, un sourire rayonnant, comme une incitation à un engagement futur entre nous. Ce sourire saura, j’en suis sûre, déverrouiller ton cœur fermé à double tour car personne ne lui résiste… (tout du moins, je me force d’y croire) »

 

Félicitations à Anne !

***

En 1884, à Cannes.

Un hivernant pas comme les autres: le célèbre écrivain Guy de Maupassant,
une jeune courtisane née au Suquet, Lola Deslys
et une aristocrate anglaise déclassée, Miss Fletcher of Ramsey,
s’allient pour rendre justice à une jeune femme de chambre
assassinée dans le parc d’un palace de la Croisette.
Parviendront-il à faire éclater la vérité dans une ville
où la protection des puissants est la seule priorité?

En papier dans votre librairie, ou en numérique, ici.  

 

 

 

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