
premier tome d’une trilogie, policière historique, La lettre froissée est un roman se aidéroulant à Cannes en 1884 (Belle-Époque).
Dans mon article précédent, je vous ai livré une esquisse de la prostitution sous la IIIe République.
Mais mon héroïne Lola Deslys, n’est pas une prostituée ordinaire, elle est ce qu’on appelle une courtisane.
Remarquée pour sa beauté à 14 ans, par le photographe Numa Blanc dans les années 1878 alors qu’elle est ouvrière dans une usine de parfums non loin de la Croisette, elle lui sert de modèle sur le motif. Il la photographie en extérieurs, pour mettre en valeur des vues touristiques de Cannes. Elle se rend vite compte qu’elle a gagné en quelques jours l’équivalent d’un salaire d’un mois. Son portrait est affiché dans la vitrine du photographe et elle va attirer l’attention de peintres et d’amis de peintres. Elle va alors commencer une carrière de modèle, ce qui l’amènera à accepter quelques cadeaux de la part des peintres et de leurs amis en échange de ses faveurs. Tout en se livrant à ce qu’il faut bien appeler de la prostitution, elle n’a donc jamais connu le racolage dans les rues quand commence le roman. C’est pourquoi je la classe dans la catégorie des courtisanes.
Une rencontre décisive avec un jeune étudiant, Eugène de Bréville, va lui permettre de quitter l’appartement de ses parents et d’habiter dans ses meubles. Eugène va même lui faire construire une maison, Les Pavots, dans ce tout nouveau quartier qui se dessine autour du récent boulevard de la Foncière, près de l’hôtel Central, derrière la gare. À environ dix-huit ans, elle n’est donc plus vraiment une prostituée, mais vraiment une courtisane, entièrement entretenue par un jeune homme de bonne famille, qui dépense sans compter pour elle ce qui lui est alloué. Quand les parents Bréville découvrent ce qui se passe, ils vont entrer en action afin de limiter les dégâts avant qu’il ne soit trop tard. Cette matière est souvent déclinée dans la littérature sur les femmes vénales du XIXe, et je ne citerais que le roman le plus célèbre sur ce thème, maintes fois adapté au cinéma, La dame aux camélias.
C’est à ce moment là que mon roman La lettre froissée, commence.
Mais ces fameuses courtisanes, qu’on nomme aussi des Cocottes, qui sont-elles ?
Dans le livret que j’ai écrit pour accompagner le roman:
Divagations autour de La Lettre froissée,
vous en saurez plus sur ce thème.
Dans le blog, je privilégie plutôt les images, mais dans le livret, vous aurez
les références sur mes sources, les détails.
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Le règne des Courtisanes a vraiment commencé sous le second Empire. Ces prostituées de luxe sont connues pour ruiner leurs riches amants en dépenses somptuaires : fêtes, bijoux, maisons, etc.
Qu’est-ce qu’une demi-mondaine?
La demi-mondaine désignait à l’origine les femmes du monde tombées dans la prostitution puis a fini par désigner également les cocottes de basse ou haute condition. C’est Alexandre Dumas fils qui lança ce terme en 1855 avec une pièce de théâtre intitulée « Demi-monde ».
Parmi les autres appellations désignant une cocotte, on trouve, avec des acceptions plus ou moins différentes : danseuse, fille de noce, fille de brasserie, buveuse, trotteuse, pierreuse, asphalteuse, lionne, demi-mondaine, demi-vierge, délurée, femme aux mœurs dissolues, de petite vertu, femme galante, femme de mauvaise vie, membres de la garde ou de la haute-bicherie, grandes horizontales. Dans un registre plus familier, vous avez aussi : caillette, créature, gourgandine, grisette, lorette, rouleuse, toupie, sauteuse.
Rolla ou le suicide pour une courtisane par Gervex. (on reconnaît qu’il s’agit d’une courtisane à la couleur du corset)
La courtisane doit s’exhiber dans une parade luxueuse sans fin, annonçant ostensiblement ses tarifs exorbitants.
Certains artistes, peintres ou musiciens, plus pauvres, peuvent être admis dans leurs cercles d’amis si elles en obtiennent un retour en nature. Un peintre pourra faire leur portrait, un journaliste leur réclame ou une critique élogieuse de leur talent d’actrices.
Car si nous avons vu dans l’article précédent que les ouvrières ne survivent pas avec leur salaire il faut savoir que les actrices non plus.
C’est ainsi que les théâtres et opéras servent de vitrine aux actrices pour se montrer à la clientèle, qui vient faire son marché. Seules quelques unes d’entre elles, extrêmement rares, parviendront à vivre de leur art.
Même Sarah Bernhardt a commencé sa carrière comme courtisane.
En bonne enfant de notre puritain XXe siècle (quoi qu’on en pense et comparativement), je réprouve la prostitution, non pour des raisons d’ordre moral ou religieux, mais parce que j’estime qu’une femme doit savoir trouver son indépendance financière sans se vendre. Pourtant quelque chose m’attire chez ces femmes. Je les admire. Je suis fascinée par le fait que c’est justement ce paradoxe qui a fait d’elle les mères, sans le vouloir, d’un féminisme qui ne disait pas son nom.
Elles ont ouvert la voie à la libération sexuelle qui a vu le jour dans le siècle suivant. D’abord par leur absence absolue de tabous. Elles ont apporté l’hygiénisme (elles se lavaient et prenaient de nombreux bains !) ainsi que la contraception. Médecins et savants se cassaient la tête sur ce mystère qui leur échappait : pourquoi les prostituées avaient aussi peu d’enfants comparativement aux autres femmes et au regard de leurs nombreuses relations sexuelles ? Ils y voyaient le doigt de Dieu qui les punissait de leur vie dissolue par une absence de fécondité, qui était pour eux la récompense ultime de la femme. En réalité, ils craignaient de trop sonder le sujet et ils s’en sont bien gardés ! Secrets de femmes transmis entre femmes. Si cela avait dépassé les alcôves, les femmes honnêtes auraient pu être intéressées par la recette et vous imaginez la suite
Cependant Louise Ebel dans son article Cocottes et Courtisanes, a raison de souligner : « Mais, sous cette exhibition de luxe et de jouissance, les courtisanes possèdent-elles réellement cette liberté dont elle se réclament ? Si elles semblent se moquer des hommes, elles leur sont malgré tout irrémédiablement liées, financièrement du moins. Puisque sans argent elles ne sont rien, aussi appartiennent-elles à leurs « acquéreurs ». Elles ont beau feindre de n’en faire qu’à leur tête, et se jeter régulièrement dans des caprices amoureux ou saphiques, elles savent toutefois qu’à leur retour elles devront se « renflouer » dans les bras souvent peu avenants de leurs riches protecteurs. De plus, à l’inverse de l’épouse préservée au sein du foyer comme un trésor secret que l’on exhibe dans les grandes occasions, la courtisane est une marchandise dont le coût est légitimé par une permanente exposition : François Ducout décrit : « Pas de repos pour elles ! A peine terminée la représentation, les derniers bravos éteints en coulisses, il leur faut courir chez elles, se changer, se coiffer, attendre l’équipage de l’amant du jour, ou du soir, qui les emmène à l’Opéra, au restaurant, au music-hall, où on leur demande de paraître pour être examinées, jalousées, aimées. La nuit venue, s’abandonnent-elles enfin à un « sommeil réparateur « ? Le « généreux donateur » est là, qui ferme les portes de la chambre… »
Si pour la courtisane, la vie est un théâtre dont elle sont les reines, c’est hélas dans le sacrifice de la chambre coucher que se déroule le dernier acte. On comprend pourquoi certaines trouvent un doux refuge dans les liaisons saphiques.
Voici quelques courtisanes célèbres, dont vous trouverez facilement sur wikipédia un résumé de leur biographie édifiante. Je ne m’attarde pas sur leurs débuts, car ils se ressemblent souvent : pauvreté et maltraitance.
Marie Duplessis, fine, élégante et discrète, inspira à Alexandre Dumas fils sa Dame aux Camélias. Il disait qu’il s’était contenté de raconter sa propre histoire, ayant personnellement eu une relation avec elle. Son mari, le comte de Perregaux, lui ferma les yeux. Elle avait 23 ans quand elle mourut.
Cora Pearl, une marrante plutôt effrontée avec de très mauvaises manières. Elle fut l’amante du Prince Napoléon et du Duc de Morny. « Je n’ai jamais trompé personne, car je n’ai jamais été à personne. Mon indépendance fut toute ma fortune : je n’ai pas connu d’autre bonheur. » Cora Pearl, citation extraite de ses Mémoires, 1886.
Lola Montez est une danseuse dite « exotique » d’origine irlandaise, (mais mère créole). Elle joua sur de fausses origines espagnoles pour créer des chorégraphies voluptueuses. Elle fut la maîtresse de Louis 1er de Bavière, et voyagea beaucoup, passant d’Irlande à la France, ou aux États-Unis. Elle écrivit une sorte de livre pratique de recettes de beauté mélange de souvenirs désordonnés et de conseils cosmétiques.
Céleste Mogador se fit connaître en créant le quadrille ou Cancan, au Bal Mabille, faisant perdre la tête au Tout-Paris. Elle fut femme du consul de France en Australie, puisqu’elle avait épousé contre l’avis de la famille, le comte de Chabrillan. Elle lança la Goulue (célèbre grâce à Toulouse-Lautrec) et finit dans un asile à Montmartre.
La marquise de la Païva est née à Moscou. Elle eut 4 maris. Les derniers en date furent un marquis et un comte, celui-ci cousin de Bismarck. Ayant commencé sa carrière avec des musiciens, dont Wagner, elle reçut à sa table par la suite des écrivains, des peintres, des philosophes, des économistes et des financiers. Mais bien que marquise et comtesse, elle ne fut jamais reçue dans les maisons de ces dames. Elle fit construire sur les Champs Élysées un château, l’Hôtel de la Païva, propriété actuelle d’un club anglais très select depuis 1903, le « Traveler ‘s Club ». Il est ouvert au public sur visites guidées. Elle fut accusée d’espionnage après la guerre de 70 et s’exila en Silésie avec son dernier mari, où elle mourut d’ennui dans un château qui fut son tombeau.
Laure Hayman, dans un portrait par Nadar. Descendante du peintre Francis Hayman, elle fut aimée du duc d’Orléans, du roi de Grèce, elle inspira des peintres et des écrivains, dont Paul Bourget et Marcel Proust. Son surnom : « la déniaiseuse des ducs ».
La comtesse de Castiglione, maîtresse de Napoléon III, célèbre espionne. Qualifiée de femme la plus belle de son siècle, elle a utilisé la photographie de façon obsessionnelle. À la fin de sa vie, esclave de son image et ne supportant pas de vieillir, elle se terre chez elle, elle fait voiler ses miroirs et elle ne sort plus qu’à la nuit tombée, pour ne pas être confrontée au regard que les passants pourraient porter sur les « ravages » que le temps, a fait subir à sa beauté. Elle fréquente la célèbre clinique du docteur Blanche dont elle connaîtra les 3 générations de médecins, et où mourut Maupassant.
Valtesse de la Bigne. Elle adorait les peintres et les écrivains. Intelligente et cultivée, elle géra sa fortune avec bon sens, investissant dans des œuvres d’art qu’elle vendit à Drouot en 1902. Sauf son lit qu’elle offrit au Musée des Arts Décoratifs, où il peut toujours se voir. Zola entra dans sa chambre et prit son lit comme modèle pour en faire le lit de Nana. Elle ouvrit à la fin de sa vie un centre de formation pour les jeunes filles qui voulaient suivre son chemin, (oui oui, vous avez bien lu, quand je vous disais…) et elle conseilla Liane de Pougy afin qu’elle sache plumer et non se faire plumer. Elle conseillait de changer de nom car, disait-elle: « On ne peut pas garder, pour plumer les pigeons, le même nom que pour garder les oies !«
Je laisse de côté les nombreuses maîtresses d’Édouard VII, dont l’une fut la mère de Churchill et l’autre la grand-mère de Camilla, épouse du prince Charles. L’Époque était victorienne, mais pas pour tout le monde.
(voir les références de mes sources dans le livret Divagations autour de La lettre froissée)
Retrouvez mes articles précédents autour La lettre froissée :
#2 La lettre froissée, Prostitution et Courtisanes au XIXe siècle, 1/2: la fille publique.
Enquête à la Belle-Époque, tome 1 : La lettre froissée
Premier tome d’une trilogie, policière historique, La lettre froissée est un roman se déroulant à Cannes en 1884
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Oui, ça fait rêver… C’est pas pour rien qu’on l’appelait la Belle-Époque.
Mais sous le clinquant, les larmes!!!