Quelques lignes pour vous donner une idée de la mission impossible qui attend Rosie au début du roman.
(enfin… comme vous le savez, impossible n’est pas Maldonne)
Elle vient de rencontrer une sdf au resto du cœur, qui la poursuit jusqu’à son lieu de travail:
» Je me suis approchée de la table. – Asseyez-vous, m’a dit Simone. – Euh. Je ne peux pas m’assoir. Je travaille ici. Et euh… ça fait snack vegan à midi. Je crois pas que vous allez apprécier. – Vegan ? Pas possible ! Incroyable ! Vegan ?! Qui aurait pensé que dans ce trou on pouvait trouver ce genre de nourriture branchée !? Du coup, je veux bien voir la carte. Et… au fait… vous trouverez bien cinq minutes pour me parler ? – Y’a pas de carte, juste une ardoise, Tony est en train de la faire. Je peux vous parler maintenant, c’est pas encore le coup de feu. Mais je peux pas m’assoir. – OK. Bon, une bière en attendant, ça ira bien. Voilà. Écoutez, j’ai besoin qu’on me rende un service. J’ai besoin qu’on apporte un message à quelqu’un de ma part. – Et ? – Et… j’ai pensé que vous pourriez le faire pour moi. – Moi ? Et pourquoi ça ? Je croyais que vous vouliez me parler de faire un régime pour m’engager dans votre compagnie de top-modèles. J’avais ricané en disant ça. – Ben… Parce qu’on s’est rencontrées ce matin et que j’ai tout de suite compris que vous étiez quelqu’un sur qui on pouvait compter. C’était quoi ce baratin, là ? – Vas-y, bla-bla-bla. – Et aussi parce que c’est bien payé. – Comment ça, bien payé ? – Ben oui, considérez ça comme un travail. Je vous paye pour aller là-bas transmettre mon message à qui de droit. Trente euros en plus du transport. Vous me suivez ? – Elle est où, l’entourloupe ? – Bon, OK, je vais tout vous dire. Je suis sur un coup. Un gros coup. Un très gros coup. Elle allait répéter le mot coup encore combien de fois ? – Et ? – Vous êtes jeune et jolie, si vous avez d’autres habits que cette minijupe turquoise, je vous demande de vous rendre à une conférence à Monaco, au Yacht Club. J’ai une invitation. Et une fois là-bas, vous entrez en contact à la fin de la soirée, pendant le cocktail, avec l’intervenant et vous lui filez le message. C’est un ami. Vous attendez sa réponse et demain vous me la donnez. C’est pas compliqué, n’est-ce pas ? – Comment ça, demain ? – Ben oui, pas la peine de faire cette tête ! C’est une urgence, voilà ! La conférence est pour ce soir, 21 h. Ben quoi, ça vous laisse pas mal de temps ! – Et je vais y aller comment ? – En voiture, pardi ! Je me suis renfrognée. Je voyais un gros paquet de biftons s’envoler avec de jolies petites ailes vers d’autres cieux. – Quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit ? elle a demandé, étonnée. Tony m’appelait, alors je l’ai laissée. L’ardoise de la formule du jour était faite. La vieille a passé commande à Mimi : lentilles, quinoa, gingembre. Quelques rares affamés égarés se sont installés. La salle des apéritifs, devant, s’est vidée. Et comme il y avait peu de boulot, je suis revenue la voir. – Alors, quel est le problème ? m’a-t-elle demandé. – J’ai pas de permis. Elle s’est rembrunie. – Faudra y aller en train. Je vous donnerai l’argent du billet aussi. C’était quoi, ce plan ? Depuis quand les SDF se transformaient en patrons ? – Ben, pour une SDF, vous roulez sur l’or ou quoi ? Elle m’a regardée d’un air méfiant. – Ça va pas durer éternellement, malheureusement, elle a dit. C’est pour ça, il faut que je m’active. – Je vais réfléchir. Il faut que je fasse garder mes enfants. – C’est ça. Réfléchissez. Mais rappelez-vous : quand on veut, on peut ! Elle me tapait un peu sur le ciboulot, mais j’ai dit oui sans plus réfléchir, parce que « je me suis pensé » qu’une fois ma mission remplie, je prendrais son fric et je ne la reverrais plus. Et puis, cracher dans la soupe, c’est pas le genre de Rosie Maldonne, qu’elle soit offerte ou pas. »
C’est parti pour la mission!
Je sais, la dernière fois je vous avais promis la deuxième chanson…
Mais bon, ce sera pour une autre fois…