Le samedi dans NOM DE CODE : MÉMÉ RUTH, tout se termine par un pestacle, comme dirait Sabrina.
D’abord, la journée commence avec Boris Vian:
Extrait de NOM DE CODE : MÉMÉ RUTH:
« À force de tourner en boucle dans mon rêve, ces paroles ont fini par me réveiller : « On n’est pas là pour se faire engueuler, on est là pour voir le défilé ! »
Le défilé ! Le show Fashion-Insertion ! Le trac ! La journée promettait d’être chaude !
Je n’ai pas eu le temps de développer mon angoisse pour la soirée et mes textes que je ne savais pas, quand j’ai entendu des cris de joie et des tambourinages à la porte de la caravane.
Je me suis levée au radar pour ouvrir. Les filles m’ont poussée et m’ont renversée sur la banquette pour m’étouffer sous leurs câlins. C’était bon de les revoir et de me laisser aller à cette explosion de tendresse.
Pastis tourneboulait entre les bras et les jambes en ronronnant comme une chaudière. Il ne boudait plus.. »
Puis en cours de défilé, une nouvelle chanson La bande à Bonnot… s’impose.
À croire que Mémé Ruth adore Joe Dassin!
Et pour le coup, l’extrait que je vous donne sera un peu plus long:
» Le merveilleux melting-pot composant ce public de choix que nous avions réuni au Select ce soir s’est retrouvé à plat ventre par terre.
Les gens du quartier, les commerçants, les passants, les touristes, mais aussi les habitants de la Croisette qui avaient fait l’effort de venir s’encanailler dans ce coin mal famé de Cannes, comme les producteurs, les stylistes, les couturiers, les photographes, les journalistes, les top-modèles de renommée internationale, tout le monde s’est retrouvé pêle-mêle à terre, ce qui faisait peine à voir.
Je n’ai pas supporté cette situation.
Cette intrépide assemblée avait bravé la tempête pour venir nous voir. Elle avait affronté la peur pour changer de quartier, elle avait grimpé la pente raide de la colline du Mont-Chevalier, elle avait peut-être pris un bus ou plusieurs bus, ou même pourquoi pas, train, avion ou bateau ?
Et j’allais laisser ces butors mal déguisés, ces malotrus, ces brutes, les traiter comme des serpillières ?
Quand j’ai vu l’expression stupéfaite et incrédule de Gaston, ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder ma casserole. C’était comme si on lui avait enlevé le gâteau au chocolat qu’on lui aurait fait miroiter depuis toujours.
Dédaignant la menace de Camille avec son flingue brillant et la peur qui m’étreignait moi aussi, j’ai avancé tout simplement sur le devant de l’estrade faite des tables du Select et j’ai chanté sur un air jazz, en essayant de faire croire que c’était la pièce qui continuait :
– C’était tatammm… La bande à Bonnot…
Cette vieille chanson, tout le monde la connaît, je sais pas pourquoi… C’était sorti au débotté. Comme ça swinguait, les gens se sont arrêtés de crier, ils ont relevé la tête et ont souri en me regardant. J’avais gagné un point.
J’ai alors élaboré une sorte de plan. Je me suis dit qu’il fallait que je les discrédite. Si plus personne n’avait peur d’eux, ils allaient être obligés de décaniller ! Un peu simplet, mais c’était déjà mieux que pas de plan du tout.
Camille a profité du flottement général pour se glisser à terre et ramper jusqu’à la porte des toilettes, son flingue à la main… Son urgence était à présent de s’éloigner des malfrats. Parce qu’elle les avait reconnus.
Ils faisaient partie de sa famille. Celle pour qui elle n’avait pas réussi à finir le boulot. Celle qui avait éliminé son pote. Celle qui n’avait plus besoin d’elle maintenant qu’il y avait une artillerie plus grosse. Et s’ils étaient venus pour moi, ils ne refuseraient pas de l’escamoter au passage, elle aussi !
Emma a chanté :
– La bande à bonhommos… Beurk, sont pas beaux !
Alors là, ça a été l’euphorie. Les gens ont découvert les enfants sous les tables et ils se sont extasiés de ravissement.
J’en ai profité pour scander en les entraînant dans le chant :
– Une auto démarra et dans la terreur, La bande à Bonnot mit les voiles, et les bandits en auto…
Tout le monde s’est relevé et les gens ont tapé dans les mains. Leurs regards allaient des drôles de gangsters vintage jusqu’à moi sur l’estrade, pour ne pas perdre une miette de l’échange.
Gaston s’est dérouillé. Il a voulu lui aussi participer, pour me sauver. Enfin, pour sauver tout le monde.
Il a pris un autre micro et tout en faisant descendre les petites stagiaires de la scène et en faisant signe à Bintou de les faire évacuer vers les toilettes pour les mettre à l’abri, il est monté à mes côtés et il a chanté lui aussi :
– C’était tatammm… La bande à Bonnot…
Il faisait les chœurs en hochant la main sur le côté comme Gene Kelly.
Comme il chantait faux, les gens se sont mis carrément à rire aux éclats. Surtout quand il a mélangé les vraies paroles (sans rimes) de sa saga islandaise à celles de La bande à Bonnot.
Son improvisation était digne de Grand Corps Malade, mais avec une voix de baryton à couacs.
Personne ne remarquait que les méchants s’énervaient, devenaient tout rouges pour le peu qu’on en voyait sous les foulards. Ou ceux qui le notaient pensaient que ça faisait partie de l’attraction. »
Dans la série des chansons de
NOM DE CODE : MÉMÉ RUTH…
vous avez eu droit à
Michel Jonasz, Les vacances au bord de la mer
et Alain Chamfort, Le temps qui court,
puis vous avez pris un bain d’énergie
grâce aux « Martin Circus », avec Ma-ry-lène. (1975)
et vos papilles gustatives ont été servies
avec Joe Dassin, Son petit pain au chocolat…
C’est là que Boris Vian est arrivé, un beau matin au réveil, sachant que c’était la journée du défilé, avec « On n’est pas là pour se faire engueuler ».
Oui mais… Au beau milieu du défilé, voilà la bande à Bonnot qui rapplique, et Joe Dassin qui remet ça.
Quelle sera la prochaine et derrière chanson du roman:
NOM DE CODE : MÉMÉ RUTH ?