Les lettres du concours! Le premier prix! Voici la Lettre #1, écrite par Mélissandre Elle

Les lettres du concours! voici la Lettre #1

Citation : « Personne ne devrait avoir à traverser seul les océans de la vie. »

Depuis le début de l’été,
chaque mercredi je publie les lettres gagnantes du concours, par ordre décroissant,
à raison d’une lettre par semaine.

Nous voilà parvenus au premier prix!
Vous avez pu lire ces délicieuses lettres qui nous ont été envoyées par les
écrivain-e-s qui se sont confronté-e-s à l’exercice,
dans le cadre du concours de la lettre d’amour pour la sortie du roman La lettre froissée.

Je vous rappelle qu’il s’agissait d’écrire la lettre d’un amour qui semble impossible,
ou d’un amour qui jamais ne pourrait se révéler,
une lettre que vous n’oseriez jamais envoyer…

En les lisant, vous étiez, j’en suis sûre, sous le charme.

Voilà donc une lettre qui nous est parvenue sous plusieurs formes,
dont l’une écrite à la main sur papier velin et glissée dans une jolie bouteille bleue.

Elle a conquis à l’unanimité le jury, par son originalité
.
Écrite depuis la salle des machines d’un sous-marin et confiée à la mer…
Envoyée à un Amiral par Vivianne.

 

« Salles des machines, latitude N 25°   longitude W 71°, un matin de mars

Lettre à l’Amiral,

Il fait chaud et rouge au cœur de ce navire. Dehors, les eaux sont glaciales, ici les mots perlent sur la peau au même rythme que la sueur.
Ici, les rouages m’embarquent vers un autre réel. J’ai essayé de résister, une fille de militaire, ça ne tombe pas pour la moindre écorchure.
Quand j’ai déposé mon barda la première fois, je ne pouvais pas vous voir en peinture : vous et vos airs de héros, votre sale manie de me prendre pour une petite chose idiote. Seulement voilà, sous l’eau, il n’y a pas beaucoup d’endroits où poser son regard, peu d’autres hommes pour retenir mon attention.
Alors la fièvre a grimpé, et j’ai fait la malade qui ignore les premiers symptômes, laissé la passion me contaminer.
Un abordage en bonne et due forme : palpitations, tremblements, nausées !
Ma tête s’y refusait : « Non, je ne ressens rien, c’est juste le mal de mer, allez un peu de tenue moussaillon ! »
Mais cet envahisseur fut sans pitié. Il y a eu cet après-midi, où vous aviez montré aux recrues les réparations de la salle de contrôle.
Dans votre lassitude, on lisait que nous ne pourrions jamais faire votre travail aussi bien que vous.
Je fulminais en silence. Vous ne me regardiez pas, vous vous adressiez aux hommes pensant certainement qu’il ne me servirait jamais de savoir manier le fer à souder. Plus encore, je m’énervais moi-même, incapable d’écouter le moindre mot.
Tout mon être concentré sur les centimètres de peau dépassant de votre uniforme, un biceps tendu tandis que vous serriez une clé à molette, un relief de dos contracté dans l’effort, un morceau de ventre qui apparaissait en atteignant un tuyau élevé…
J’ai loué les lumières sombres dissimulant le carmin de mes joues.
Mon cerveau rendait les armes au corps ; il ne restait plus que vos bras, votre dos et votre ventre. Paralysée par le désir.
J’en ai la bouche sèche d’y repenser…
J’ai lutté tout l’hiver pour ne rien laisser paraître. Les frissons si vous entriez dans mes quartiers, les crampes quand le hasard me faisait prendre mon tour de garde avant la fin du vôtre.
Le souci quand cette folie (oserais-je dire l’amour ?) vous attrape, c’est qu’il devient difficile de séparer le réel du fantasme, les signes du destin d’une simple coïncidence. Je n’exagère pas, je me suis rendue vraiment malade à me demander si cette attirance était à sens unique.
Submergée par ce charme que vous dégagez sans même vous en rendre compte.
Pour ne pas me faciliter la tâche, vous avez décidé de faire preuve de douceur à mon égard. Sans doute pour éviter de me casser en mille morceaux.
Mais au lieu de vous remettre à votre place, j’ai laissé faire, apprécié ces petites attentions. S’agissait-il de détails sans importance ?
Depuis, je déborde, je peine à contenir mon enthousiasme et ma frustration.
Seulement, je ne suis pas idiote, je tiens à ce travail, trop pour partager cette coupe pleine avec vous.
Il en va de la santé de l’équipage, ce serait si inconfortable de vous croiser après un refus poli !
Me taire et garder ces mots pour moi plus longtemps m’écrase le cœur, j’ai plongé profondément en vous et la pression de ces sentiments m’étouffe.
Ensemble, dans une autre vie, nous aurions pu changer d’air, prendre les voiles, voir les merveilles du monde et du ciel.
Cette vision est trop belle pour ne pas l’écrire et la mettre en bouteille.
Je continuerai de m’y abreuver, l’ivresse de cet amour impossible me fait plus de bien que de mal.
Il paraît qu’il existe un nombre infini d’univers parallèles et j’aime l’idée que dans l’un d’eux, je ne suis plus matelot, je suis la jeune femme de l’unique port où vous auriez envie de poser bagages.

Ce message ne vous parviendra pas, mais j’espère qu’il atteindra une amoureuse et qu’il donnera le courage à cette personne de dire tout haut à l’être aimé, ce que je murmure ici tout bas : Personne ne devrait avoir à traverser seul les océans de la vie.
Vivianne »

Félicitations à Melissandre Elle, qui a gagné un séjour de 2 nuits pour 2 personnes
à l’hôtel Chalet de l’Isère à Cannes,

la dernière maison où vécut Maupassant avant d’être enfermé dans la clinique du docteur Blanche…
Un endroit rempli de fantômes littéraires qui vont la faire rêver…

 

 

***

En 1884, à Cannes.

Un hivernant pas comme les autres: le célèbre écrivain Guy de Maupassant,
une jeune courtisane née au Suquet, Lola Deslys
et une aristocrate anglaise déclassée, Miss Fletcher of Ramsey,
s’allient pour rendre justice à une jeune femme de chambre
assassinée dans le parc d’un palace de la Croisette.
Parviendront-il à faire éclater la vérité dans une ville
où la protection des puissants est la seule priorité?

En papier dans votre librairie, ou en numérique, ici.  

2 réflexions au sujet de « Les lettres du concours! Le premier prix! Voici la Lettre #1, écrite par Mélissandre Elle »

  1. Qui sait? En lisant la lettre froissée, un séduisant marin, amoureux des écritures, voudra en savoir un peu plus sur son auteur.
    Sans que le hasard n’aie à s’en mêler il tombe à coup sûr sur ce concours des plus belles lettres d’amour. La curiosité aidant il choisit de découvrir cette lettre non plus froissée mais enroulée. Une lettre enroulée de mots d’amours tout comme le sont les plus précieux des messages.
    Et n’est-ce pas le propre des Bouteilles jettées à la mer que de se diriger aussitôt vers un des ces univers parallèles. Puis en suivant le méridien du “Witch is greater”, en suivant un cap insoupçonnables, les mots magiques qui lui ont été confiés arrivent à toucher en plein cœur leur mystérieux destinataire, au plus grand étonnement de leur expéditrice ?
    Pourquoi?
    Tout simplement parce que là est le secret pourtant connu de tous : “C’est l’amour qui fait tourner le monde. »

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