Une courte nouvelle pleine d’émotion, où l’on découvre des personnages de LA PETITE FABRIQUE DU BONHEUR

MES YEUX POUR TON CŒUR

Une nouvelle vibrante qui vous transporte d’émotion.
Des personnages attachants qui se plantent dans votre cœur et que vous n’oublierez pas.

Amédée est un habitué du café La Petite Fabrique, véritable refuge de cabossés par la vie, tenu par Amanda. Aveugle, il vit plutôt solitaire depuis qu’il a perdu son chien Arthur. Pour rien au monde il ne le remplacera, la douleur a été trop grande. À moins que…

Flora est un chiot née d’une longue lignée de chiens-guides. Mais son caractère rebelle et farceur lui joue des tours à l’école des chiens d’aveugle. Réussira-t-elle l’examen de passage ?

Croyez-vous aux rencontres prédestinées et au coup de foudre ? Pensez-vous que les animaux aient une âme ?

Ce que les lecteurs en pensent :

« Un récit plein d’amour comme sait nous en offrir Alice Quinn. Que d’émotions dans cette si belle rencontre entre Flora la chienne rebelle et Amédée le vieil aveugle. » Karine Fitcher Barnoud

Extrait:

1 – Désolé, vous faites erreur

– Amédée, c’est toi ?
Il tressaille. Cette voix, il l’identifierait entre des milliers.
– C’est moi, Pat ! Patty ! Tu ne me reconnais pas ?
Un peu plus grave, plus lente aussi, moins énergique, quoi. Bien entendu que c’est Patricia ! Plus de vingt ans se sont écoulés depuis le jour où il l’a quittée, sans un mot, sans explication. Combien de fois depuis s’est-il reproché de n’avoir pas été plus explicite.

Il a décidé de tourner la page dès que sa vue a décliné, c’est tout simple. Il ne voulait pas lui imposer un compagnon aveugle et il savait sa loyauté. Jamais elle ne l’aurait abandonné à son sort. Elle s’en serait fait un devoir.
Le passage de l’amour au devoir, il n’en a pas voulu. Comme à présent, il ne veut pas entendre la pitié dans sa voix.
Il tourne la tête et s’éloigne en bougonnant:

– Désolé, vous faites erreur, madame.
Il l’imagine, interloquée, blessée de nouveau, ou alors doutant d’elle-même. Remarquant soudain la canne blanche. Racontant à ses proches qu’elle a cru revoir un vieil ami dans la rue en faisant ses courses. Mais non, ce n’était qu’un vieil aveugle qui lui ressemblait.

Amédée rentre chez lui et monte les marches, abattu par cette rencontre.
Pourtant il se doutait bien qu’elle se produirait un jour. Bien entendu il n’était pas préparé.
Il pose ses clés au crochet à côté de l’interrupteur et il s’avance dans le couloir, se guidant de sa fine main ridée le long des rayonnages de livres qui tapissent son couloir.
Il a tourné un jour la page sur son passé, mais ses bouquins, il n’a jamais pu s’en séparer. Pourtant il sait bien qu’il ne pourra plus jamais en ouvrir un, ni s’installer tranquillement dans son fauteuil préféré pour lire.
C’est comme ça. Pas le courage de les jeter.
S’il avait eu Arthur tout à l’heure, avec lui, il se serait senti plus fort. Il se serait tourné vers elle et il lui aurait présenté son chien chéri.

Il en est sûr, avec Arthur, il aurait réussi à affronter Patty. Peut-être aurait-il pu lui expliquer son choix, malgré le remords qu’il en a.
Peut-être aurait-il pu lui dire qu’il ne l’avait jamais oubliée. Peut-être aurait-il pu entendre son histoire, qu’elle s’était mariée, qu’elle avait eu des enfants, qu’elle avait fondé une famille. Parce qu’avec Arthur, lui aussi, il avait fondé une famille.
Oui, mais voilà, Arthur n’est plus avec lui depuis plus de trois ans. Les chiens disparaissent trop tôt de la vie des humains.